Ma rencontre avec James Thomen de DuPont de Nemours: apprendre à observer et faire réagir

Depuis tout petit, les jeux des 7 erreurs me passionnaient et j’aimais les puzzles et les maquettes.

Cela m’a permis de développer mon sens de l’observation.

Plusieurs années plus tard à la faveur d’un changement d’actionnaire en 1987, la PME Greggory dans laquelle je venais de rentrer après mon MBA HEC se faisait absorber par une filiale de Shell UK, Colas Holdings après une des premières introductions ratée au second marché (le destin était scellé en 2005 COLAS rachetait la société Prosign).

Pour une société familiale leader sur son marché de la signalisation horizontale, le choc fut important au delà des nouvelles procédures de reporting car, en plus de la bonne rentabilité, Shell UK s’intéressait à la performance en matière de sécurité: le LTIF (Lost Time Incident Frequency Rate) était la boussole.

Nous étions à un LTIF de 77 et nous devions aller vers 0 en peu de temps sinon la sanction était claire: nous ne pouvions rester dans le giron de Shell.

C’est à cette époque que Sir Bob Reid, chairman de Shell UK a fait appel à DuPont de Nemours Safety management services pour dompter les filiales récemment entrées dans le giron de Shell UK.

Je parlais anglais et j’étais considéré avec mon double diplôme Ingénieur ESTP + MBA HEC comme un “haut potentiel”. Je fus donc nommé “Safety focal point” pour la filiale française en 1988.

La gestion des RH chez Shell étant particulièrement bien faite, on me demanda après les formations théoriques sur le management de la sécurité selon DuPont de Nemours de passer une semaine en “one to one” avec James Thomen, un des théoriciens de la sécurité au travail (auteur de “Leadership in safety management”).

Nous avons visité une dizaine de nos sites aux quatre coins de France (usines et chantiers) et rencontré une quarantaine de personnes  en pratiquant la même technique de l'”Unsafe Act Auditing” avec beaucoup de bienveillance et d’empathie.

De l’aube jusqu’à tard dans la soirée, nous observions, brisions la glace, allions au contact, faisions réagir et refaisions le film des visites avec les points positifs et les points à améliorer en termes de sécurité et de comportement.

La montée et la descente de l’escalier en tenant la rampe, le lacet de la chaussure défait et la conduite défensive devenaient des grands classiques de nos visites de sécurité.

Jim ne parlait pas un mot d’anglais mais avec ses mains se faisait comprendre des opérateurs et du management. Son charisme, sa bienveillance, son sens du contact, son empathie et son humanité faisaient changer les comportements.

Au bout de cinq ans en appliquant ce qu’il nous avait appris, notre taux de fréquence était descendu à 3,5. Toute la société  était transformée sans changer une seule personne. Nous étions visiblement plus en sécurité pour nous-mêmes et vis-à-vis de nos clients et des parties prenantes sur les routes de France.

Notre faiblesse était devenu une force ainsi qu’un avantage concurrentiel mais surtout une grande fierté pour tous les collaborateurs.

Merci Jim pour ce que vous m’avez apporté dans ma vie professionnelle et personnelle et que je continue de mettre en oeuvre chez Ô dites-moi et dans ma vie.